Affrontements entre manifestants et police à Nouméa (31/07/09)
NOUMÉA — Le troisième sommet France-Océanie, vendredi à Nouméa, se prépare dans une certaine confusion, sur fond de déception née de l'absence du chef de l'Etat et du Premier ministre, que remplace Bernard Kouchner, alors que des affrontements ont eu lieu vendredi entre membres du syndicat indépendantiste USTKE et forces de l'ordre à Nouméa.
Trois gendarmes, un policier et deux pompiers ont été légèrement blessés par des jets de pierre lors des heurts.
L'Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE, indépendantiste) multiplie les manifestations et blocages d'entreprises depuis le début de la visite en Nouvelle-Calédonie de la secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Marie-Luce Penchard. Le syndicat entend ainsi protester contre l'incarcération fin juin de son président, Gérard Jodar, et de cinq adhérents.
Destiné à consolider les liens entre la France et les pays de la région Pacifique, le sommet France-Océanie devait initialement être présidé par Nicolas Sarkozy, venue annulée pour des questions d'agenda, selon le Haut commissariat de la république à Nouméa.
La présence de François Fillon, évoquée par la suite, avait aussi été remise en cause.
La plupart des Etats du Forum des îles du Pacifique, dont Australie et Nouvelle-Zélande, participent au sommet, autour des thèmes de la défense, de l'aide au développement et de l'environnement.
Les deux premières éditions du sommet - 2003 en Polynésie française, 2006 à l'Elysée - avaient été présidées par Jacques Chirac, qui était à leur initiative, désireux de consacrer le réchauffement des relations avec le Pacifique, depuis la fin des essais nucléaires en 1996.
C'est finalement le ministre des Affaires étrangères, a confirmé mardi le Quai d'Orsay, qui dirigera la délégation française, comprenant la secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Marie-Luce Penchard.
Sont attendus notamment, selon le ministère, les présidents de Nauru, de la Micronésie, des Iles Marshall, les Premiers ministres de Samoa et des Cook.
La confusion a froissé les élus locaux, sceptiques sur l'intérêt porté par la France à la région, ainsi que les pays invités.
"L'Etat semble bricoler sur ce sommet, qui est en train de faire un flop", a accusé Roch Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS (indépendantiste) au Congrès de l'archipel calédonien.
"Le fait de rétrograder la présidence de ce sommet au niveau des Affaires étrangères est regrettable. J'espère qu'en matière protocolaire, le nécessaire a été fait pour arrondir les choses avec les pays voisins", a déclaré Paul Néaoutyine, président indépendantiste de la Province nord.
Philippe Gomes, président du gouvernement calédonien, a jugé "dommage pour la Nouvelle-Calédonie et pour la France en Océanie", que ni le président de la République, ni le Premier ministre n'aient pu se déplacer.
L'Australie, qui devait initialement dépêcher son ministre des Affaires étrangères, sera représentée par Duncan Kerr, secrétaire aux Affaires du Pacifique.
Le Quai d'Orsay a voulu rassurer : "Le ministre sera à cette conférence avec l'ambition de renforcer notre partenariat avec la région pacifique, d'apporter des réponses communes à des défis communs", a dit un porte-parole.
Catégorique, l'Union Calédonienne, composante du FLNKS, a accusé Paris "de se servir de la Nouvelle-Calédonie comme faire-valoir de sa politique dans le Pacifique".
"Ce sommet est une provocation. Dans le cadre de la décolonisation en cours en Nouvelle-Calédonie, la compétence des Affaires étrangères est destinée à être transférée au pays, mais la France se comporte comme si elle allait toujours l'assumer", a asséné Roch Wamytan.
Nuage supplémentaire : un dirigeant du FLNKS, Victor Tutugoro, vient de signer un accord avec le Premier ministre du Vanuatu, reconnaissant l'appartenance à cet ancien condominium franco-britannique de deux petites îles, Matthew et Hunter, au sud-est de la Nouvelle-Calédonie, que la France revendique.
Bien que sans valeur légale, cet accord "coutumier" pourrait susciter des tensions entre la France et Vanuatu, indépendant depuis 1980.
Allez visiter le site de l'USTKE pour plus d'informations sur la situation là-bas : www.ustke.org
Compte-rendu de la manifestation du 7 juillet 2009 pour la libération des syndicalistes emprisonnés
Voir aussi le précédent article : A bas la répression de l'Etat colonial français !